Projet de Manifeste programme du (nouveau)Parti communiste italien

Table des matières

Chapitre V

 

Les principales objections à notre Manifeste programme

 

Beaucoup d'objections seront sans aucun doute faites à notre Manifeste programme. Voyons les principales.

1. A ceux qui ne croient pas que les masses se rangeront à nouveau derrière le drapeau du communisme et sous la direction du parti communiste,

nous répondons qu'il est erroné de penser que le futur sera comme le présent. C'est ce qui n'est qu'en germe dans le présent qui sera grand demain. Ce qui n'est que possible aujourd'hui sera la réalité de demain. La bourgeoisie impérialiste n'offre aux masses populaires aucune perspective de progrès, elle ne leur donne même pas la possibilité de continuer à vivre dans les conditions actuelles. La bourgeoisie elle même doit bouleverser l'ordre existant et est en train de le faire, contraignant les masses à se mobiliser pour trouver de nouvelles solutions pour leur vie. C'est cela, et non les sermons et les idées, qui amène et amènera les masses à sortir du mode de vie habituel et faire des choses que pendant des années elles n'ont pas faites (en négatif aussi les épisodes les plus répugnants des faits divers de tous les jours le confirment).

La tendance véritable du capitalisme (contrairement à ce qu'en disent les représentants de la culture bourgeoise de gauche, les keynésiens, les ouvriéristes, etc.) n'est pas de donner des revenus dans le but “ d'élargir le marché ”, d'apporter des aides de par le monde, “ les droits de l'homme et la démocratie ”, mais de diviser et opposer les masses, d'augmenter la misère, l'oppression, l'exploitation, l'abrutissement et l'asservissement. La bourgeoisie l'a démontré y compris dans les années de reprise et de développement (1945‑1975) dans les pays où elle ne sentait pas dans son cou le souffle du mouvement communiste et le démontre à présent “ partout ” : dans tous les endroits où cette tendance n'est pas combattue par la lutte des masses populaires, que seule la classe ouvrière avec son parti, peut développer sur une grande échelle et diriger avec succès.(1)

Dans le déroulement de la crise générale et en l'absence d'un mouvement révolutionnaire fort, cette tendance de la bourgeoisie se réalise sur une grande échelle et de manière particulièrement forte, odieuse et répulsive. Donc cela devient un facteur de la mobilisation (révolutionnaire ou réactionnaire) des masses populaires.

2. Aux Forces subjectives de la révolution socialiste et aux travailleurs avancés que l'indifférence des masses à leurs appels rend timides, instables, parfois en proie au découragement et à la désillusion ou à la tentation d'abandonner la lutte pour le socialisme,

nous disons que ce sont leurs erreurs de conception et de méthode, que c'est leur déviation de la conception et de la méthode que l'expérience du mouvement communiste a démontrées comme étant justes, nécessaires et efficaces, que ce sont leurs limites qui rendent les masses sourdes à leurs appels. Parfois l'opportunisme de certaines “ avant‑gardes ” qui refusent d'assumer personnellement le rôle et la responsabilité inhérents à leurs appels et dont les masses ont besoin pour déployer leur activisme tient lieu de repoussoir envers ces mêmes masses. Les mêmes sont repoussées par l'opportunisme qui amène certaines “ avant‑gardes ” à demander aux masses de tenir des rôles que celles‑ci ne peuvent jouer directement aujourd'hui. Font partie de ce camp, de nos jours, ceux qui voudraient que les masses mènent des luttes revendicatives sur une grande échelle sans le parti communiste ; ceux qui prétendent à “ la reconnaissance des masses ” envers leur parti avant même de l'avoir constitué et qu'il leur ait démontré qu'il mérite leur confiance ; ceux qui propagent dans les masses l'idée de la nécessité de la reconstruction du parti, sans s'impliquer directement dans cette reconstruction.

3. Aux sceptiques et à ceux qui s'opposent à l'existence du parti communiste,

nous répondons, en nous appuyant sur l'expérience des cent cinquante ans du mouvement communiste, que les victoires comme les défaites de la classe ouvrière démontrent que le parti communiste est indispensable. D'une part la classe ouvrière n'a jamais conquis le pouvoir là où elle n'avait pas un parti construit expressément pour cet objectif. Elle ne l'a conquis que là où elle avait un tel parti. La démolition des pays socialistes et du camp socialiste a commencé quand la droite a pris la direction des partis communistes.

D'autre part, la victoire des déviations dans le parti n'est pas inévitable. Le mouvement communiste est en train d'apprendre à lutter efficacement contre les déviations au sein du parti, il s'est déjà constitué une expérience sur le terrain de la prévention et de la lutte contre ces déviations : la compréhension du réflexe inévitable de la lutte entre les deux classes à l'intérieur du parti communiste, la lutte entre les deux lignes dans le parti, la tendance objective des masses populaires au communisme, la ligne de masse. C'est l'apport du maoïsme à la théorie du parti.(2)

4. Aux sceptiques et à ceux qui donnent une évaluation négative de l'expérience de la construction du socialisme (transition du capitalisme au communisme) dans les pays socialistes,

nous montrons les grands résultats obtenus par le mouvement communiste durant la première vague de la révolution prolétarienne (la première crise générale du capitalisme) : un camp socialiste qui allait de l'Europe (Elbe ‑ Adriatique) au Pacifique Sud, avec un tiers de la population du monde d'alors. Nous montrons les grandes conquêtes économiques, politiques, culturelles réalisées en peu de temps dans ces pays par des masses populaires qui comptaient parmi les plus opprimées et les plus arriérées de la planète. Les masses même les plus arriérées, une fois libérées de l'oppression de la bourgeoisie et des autres classes exploiteuses, apprennent rapidement, sur la base de leur propre expérience, à régler pacifiquement et de manière avancée les rapports entre elles et trouvent des solutions progressives aux contradictions internes du peuple. Marx faisait déjà noter que l'homme tire toutes ses connaissances, toutes ses perceptions, etc. du monde sensible et de l'expérience acquise dans ce monde sensible ; donc ce qui importe, c'est d'organiser le monde empirique de manière à ce que l'homme y fasse l'expérience — et prenne l'habitude — de ce qui est vraiment humain, afin que l'homme fasse l'expérience de lui-même comme homme. Si l'homme n'est pas libre, dans le sens de ne pas avoir le pouvoir de développer, enrichir et faire valoir sa vraie individualité, il faut non pas punir le délit de la personne, mais détruire, comme étant anti‑sociaux, les foyers sociaux du délit et donner à chacun l'espace social dont il a besoin pour lui permettre d'extérioriser les principaux aspects de sa vie. Si l'homme est formé par les circonstances, il est nécessaire de former humainement les circonstances.(3) Le propos de changer massivement les individus avant de changer la société, c'est-à-dire avant d'éliminer l'oppression qui les fait tels qu'ils sont, est une fantaisie qui ne convient qu'à ceux qui veulent ôter de la force à la lutte pour l'élimination de l'oppression : en réalité, la société actuelle produit les forces qui la changeront et de ce changement et de son déroulement sortira également, graduellement, la transformation massive des sentiments, des habitudes et de la conscience individuelle des gens.

5. A ceux qui nous objectent que les pays socialistes n'ont pas réussi à survivre, alors que les pays capitalistes bien que foncièrement mauvais y sont parvenus,

nous indiquons les raisons pour lesquelles ont commencé, à partir d'un certain moment, le déclin des pays socialistes, leur rapprochement avec les pays capitalistes, leur nouvel asservissement (financier, commercial, technologique, culturel, politique) au système impérialiste mondial. Ce qui se passe aujourd'hui dans les pays socialistes, de l'exploitation féroce de femmes, d'enfants et de travailleurs, aux délits les plus horribles, aux massacres nationalistes, démontre que les conquêtes d'hier n'étaient pas le fruit du “ caractère naturel ” des peuples qui en étaient protagonistes, ni des caractéristiques naturelles des pays, ni de l'héritage historique de ces peuples, mais étaient le fruit du système et uniquement du système social socialiste. La Commune de Paris (1871), bien que vaincue, a été une marche qui a permis à la classe ouvrière et aux masses populaires du monde entier, qui avaient besoin de s'échapper de l'étau de la première crise générale du capitalisme, d'accomplir un pas  en avant plus important peu de décennies plus tard. Les premiers pays socialistes, bien que vaincus, seront eux aussi une marche qui permettra aux travailleurs, aux femmes, aux enfants, aux jeunes, aux personnes âgées, aux membres des races et des nationalités opprimées, écrasées aujourd'hui, au‑delà des limites connues par notre génération du “ triomphe ” du capitalisme, d'accomplir un nouveau bond en avant, au cours de la seconde vague de la révolution prolétarienne qui est en train de monter, dans le monde entier. Nous devons combattre la conception historique selon laquelle “ si les révisionnistes modernes l'ont emporté dans les pays socialistes après 1956 (ou après 1976), cela signifie qu'il y avait quelque chose d'avarié dès le départ ” (ou bien même, disent les plus “ courageux ” — les bordiguistes, les trotskistes et d'autres compères à eux de la culture bourgeoise de gauche — “ déjà, dès le départ, les pays socialistes étaient pourris ”). Dans ce “ raisonnement ”, dans cette “ démonstration ”, dans cette conception, il y a l'incompréhension de la dialectique et un esprit réactionnaire.

Incompréhension de la dialectique : une chose que l'on est en train de faire n'est telle que parce qu'elle n'est pas encore faite. Elle est et elle n'est pas. Elle est encore celle d'avant, mais ce n'est déjà plus la même. Elle n'est pas encore ce qu'elle sera, mais elle l'est tout de même, dans une certaine mesure. La possibilité d'arrêt ou de régression fait foncièrement partie de ce processus. Non pas comme une maladie, une tare, une erreur, mais comme un aspect profondément lié à la chose même, au mouvement de la chose. A la chose qui est et qui n'est pas encore, qui n'est plus mais qui est encore, ils opposent au contraire la chose qui est. Si c'était pourri demain, cela signifie que ça l'est également aujourd'hui et que ça l'était déjà hier. Ce raisonnement ne vaut même pas pour les fruits : l'on imagine sans peine ce qu'il représente vis-à-vis d'un phénomène bien plus complexe, tel qu'une société !

Esprit réactionnaire : cette conception ne condamne pas seulement les pays socialistes, mais également la révolution qui les a créés (et ici, cela rejoint toute l'ordure social‑démocrate et bourgeoise qui était contre la Révolution d'Octobre, qui disait qu'il ne fallait pas la faire et qui la combattit avec acharnement et sans retenue, d'une manière infâme et criminelle). Mais, si l'on est cohérent, de la même façon, il faut condamner également ce qui a amené à la révolution d'Octobre : le mouvement communiste. Et puis il faut condamner ce qui a engendré le mouvement communiste et la naissance du prolétariat : la révolution bourgeoise, la Révolution française de 1789. Ce raisonnement, la bourgeoisie l'a déjà fait ! Que de se retrouver en si mauvaise compagnie fasse réfléchir les négateurs de l'expérience des pays socialistes !

6. A ceux qui nous opposent que, si chacun avait selon ses besoins, il n'y aurait aucune créativité ni initiative dans la production et dans la vie sociale,

nous démontrons que la réalité même de la société bourgeoise, est la négation de leur affirmation.(4)

Des millions de simples travailleurs salariés accomplissent avec passion et initiative leur travail, malgré la faiblesse du salaire et les conditions d'asservissement, de mortification de la créativité et de précarité dans lesquelles les patrons les obligent à travailler. Des millions de femmes s'occupent avec passion et dévouement de leurs enfants, de leurs familles et de leurs maisons, bien que, dans la société bourgeoise, leur activité ne soit même pas considérée comme un travail. Des milliers d'artistes, de scientifiques, de chercheurs ont déployé et déploient de grands efforts pour parvenir à de grandes réalisations et sont souvent méconnus. Des millions de personnes accomplissent un travail volontaire non rétribué, souvent dans des conditions très difficiles, un travail que la classe dominante utilise contre les travailleurs qui luttent pour un salaire, mais que, en même temps, elle relègue aux marges de la “ véritable économie ”, corrompt, exploite et rend odieux aux masses, avec les entreprises du “ tiers secteur ”, du “ no profit ” et des Organisations non gouvernementales (ONG) organisées, financées et manipulées par les gouvernements impérialistes. La bourgeoisie réussit à parer, grâce au travail volontaire, bien des déficiences parmi les plus aiguës et les plus bouleversantes de sa société.

Non seulement : observons combien d'efforts et de crimes doit accomplir la classe dominante pour contraindre les jeunes à s'adapter à ne travailler que pour de l'argent, reniant ainsi les meilleures aspirations de leur vie. Combien de désillusions et de frustrations, quel gâchis d'énergies physiques, intellectuelles et morales !

Considérons l'histoire du passé : pendant combien de temps les hommes ont‑ils travaillé et construit les bases de la civilisation dont nous récoltons les fruits, sans êtres mus par un intérêt individuel ?

Considérons le présent : des millions de travailleurs ont donné et donnent leur force, leur sueur et leur sang dans la lutte pour le socialisme et dans les luttes anti‑impérialistes de libération nationale.

Considérons enfin notre futur, le socialisme : des centaines de millions d'hommes et de femmes ont démontré ce dont sont capables les masses sans être muées par l'intérêt individuel ; libérées des freins et des obstacles imposés par la loi de la valeur et par l'exploitation capitaliste, les masses populaires ont développé leurs propres forces productives et ont multiplié la richesse matérielle et spirituelle de la société et des individus ; et ce bien qu'ils aient constamment dû se défendre contre des agressions, des sabotages et des blocages économiques ourdis par la bourgeoisie impérialiste qui restait encore la classe dominante au niveau mondial. Les masses populaires des pays socialistes ont montré, pendant un laps de temps relativement court et malgré toutes les traces de la société bourgeoise qu'elles conservaient, de quoi serait capable “ une société où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ”, au contraire de la société bourgeoise, où la libre initiative de quelques-uns a comme condition nécessaire l'asservissement et l'abrutissement de l'immense majorité de la population.

Que reste‑t‑il de l'objection qui nous est faite, sinon que la bourgeoisie projette son ombre avide sur nos esprits ? C'est le bourgeois qui ne fait rien si ce n'est par intérêt personnel et pour de l'argent et qui pour eux est capable de tous les crimes. Parfois la bourgeoisie réussit à faire considérer comme naturelles sa mentalité et ses conceptions ; ces dernières impliquent des rapports sociaux qui sont en train de détruire les conditions de la vie et qui étranglent des millions d'êtres humains dans le monde entier. Alors, oseriez‑vous aller leur parler de ce système auquel ils seraient censés participer par intérêt individuel ?

7. A ceux qui nous objectent que ni l'oppression que les femmes subissent de nos jours, ni l'oppression des nationalités et des races, ni la sujétion des jeunes aux adultes, ni les nombreuses autres contradictions qui divisent les masses populaires ne seront pas résolues automatiquement avec le socialisme,

nous répondons que c'est parfaitement exact. Il sera nécessaire de mener une lutte spécifique sur chacun de ces fronts. Nous la mènerons : pourrons‑nous vaincre ? Nous faisons observer que la bourgeoisie du fait de l'évolution objective des choses est devenue le point de rencontre de toutes les vexations et de toutes les violences de tous les oppresseurs. Il suffit de voir les conditions des femmes et des enfants dans la société actuelle, de voir le sort que les groupes impérialistes leur réservent dans les pays les plus civilisés que la bourgeoisie a réussi à créer. En outre, la classe ouvrière ne réussira à se sortir de la situation d'oppression, d'exploitation et de précarité qui l'accable, si elle ne transforme pas également la condition de tous les autres opprimés, si elle ne met pas fin à tout type d'oppression. Si nous n'enlevons pas le pouvoir à la bourgeoisie, toute tentative et tout effort de résoudre les autres contradictions seront vains, parce que la classe dominante, ses rapports et la défense de sa domination y font obstacle.

Pour conclure, nous dirons que les contradictions au sein du peuple ne peuvent être réellement résolues que si l'on vient à bout de la contradiction principale, celle qui oppose les masses populaires à la bourgeoisie impérialiste. Ce n'est qu'avec le socialisme qu'est extirpée la racine des conditions pratiques de vie qui entraînent misère, abrutissement, égoïsme et violence et qu'il est donc possible de combattre également, efficacement et avec succès, les manifestations de ces rapports au sein des masses populaires. L'expérience, même brève, des pays socialistes, a fourni mille éléments à l'appui de cette affirmation.

8. Est‑il possible que la révolution socialiste triomphe dans un seul pays ?

Non seulement c'est possible, mais cela s'est déjà produit et il est probable que dans le futur également la révolution (socialiste ou de nouvelle démocratie) ne triomphe pas simultanément dans tous les pays. Malgré l'unité créée par la bourgeoisie dans le monde, le développement matériel et spirituel des pays est très différent, la construction et la force du mouvement communiste et des partis communistes sont très diverses. Et la crise générale du capitalisme accentue encore plus ces dissemblances.

Qu'est‑ce qui peut empêcher la bourgeoisie impérialiste d'étouffer dès le début la révolution qui se développera dans un ou plusieurs pays, en utilisant la force et l'arrogance de ses armes et de sa richesse ? Le fait que la situation révolutionnaire est universelle. Dans tous les pays, les régimes de la bourgeoisie impérialiste sont instables, aux prises avec toutes sortes de convulsions. Les masses populaires sont en effervescence dans tous les pays. Le système des relations internationales entre Etats, institutions et groupes impérialistes est toujours plus agité par des oppositions et des luttes. Les groupes impérialistes luttent les uns contre les autres. Les foyers de révolution sont de plus en plus nombreux. La bourgeoisie impérialiste et en particulier celle des Etats-Unis a beaucoup d'ennemis dans le monde et ces derniers seront nos alliés si nous démontrons que nous sommes capables de nous imposer et de tenir tête à la réaction. Si nous sommes forts, nous aurons beaucoup d'alliés.

C'est cela qui a empêché la bourgeoisie impérialiste de concentrer avec succès ses forces contre la première république soviétique. C'est cela qui empêchera la bourgeoisie d'étouffer dans l'œuf les prochaines révolutions. Le Vietnam a été une grande leçon, bien que le peuple vietnamien ait mené avec succès sa lutte à une époque où le système impérialiste était relativement stable. La force des masses populaires dirigées par la classe ouvrière, l'effervescence révolutionnaire qui grandit dans tous les pays, les contradictions et les guerres entre groupes et Etats impérialistes, la solidarité internationaliste des masses populaires : voilà dans l'ordre, les facteurs qui permettent la victoire de la révolution socialiste dans un pays ou dans un groupe de pays, malgré la force et l'arrogance de la bourgeoisie impérialiste.

9. Aux sceptiques et à ceux qui nient que la révolution socialiste puisse triompher en Italie,

nous indiquons les raisons qui ont fait que le premier PCI a permis de grandes avancées, qui ont fait qu'il a amené la classe ouvrière à son niveau le plus élevé et qui ont permis de grandes conquêtes ; et nous indiquons aussi les raisons qui ont fait que le premier PCI n'a pas remporté (et ne pouvait remporter, vu les erreurs qu'il a commises et les limites dont il n'a pu se défaire) la victoire.

Les Forces subjectives de la révolution socialiste qui se donnent comme référence l'aile gauche du premier PCI (que certains identifient en Secchia, d'autres en Gramsci), refusent en substance de reconnaître le maoïsme comme la troisième étape supérieure de la pensée communiste. Notre Manifeste programme comprend un bilan des expériences du mouvement communiste en Italie. Il indique en particulier ce que les communistes, les ouvriers et les masses populaires ont accompli de positif et que nous faisons nôtre. En second lieu, nous essayons de comprendre et nous comprendrons toujours mieux les erreurs du premier PCI (analyses, lignes, méthodes erronées qui déviaient de ce que le mouvement communiste avait déjà acquis avec le marxisme-léninisme : le bolchevisme) et ses limites (analyses, lignes, méthodes erronées qui auraient nécessité ce développement du patrimoine du mouvement communiste, tel qu'il fut accompli dans le maoïsme).

Ce n'est qu'en agissant de la sorte que nous serons les dignes successeurs de ceux qui nous ont précédés dans la lutte pour instaurer le socialisme dans notre pays.

 

NOTES

 

1. “ (Il faut) esquisser ensuite la tendance prépondérante du capitalisme : ... la croissance de la misère, de l'oppression, de l'esclavage, de la dégradation, de l'exploitation. ... Ces derniers temps, les critiques groupés autour de Bernstein se sont particulièrement acharnés contre ce point, en reprenant les vieilles objections des libéraux bourgeois et des social‑politiciens contre la “ théorie de la paupérisation ” (énoncée par Marx). A notre avis, la polémique engagée à ce propos a prouvé amplement l'inconsistance totale de ce genre de “ critique ”. Bernstein a lui-même reconnu la justesse de ces paroles de Marx, en tant que caractéristique de la tendance du capitalisme, laquelle devient une réalité en l'absence de la lutte de classe du prolétariat contre cette tendance, en l'absence de lois — conquises par la classe ouvrière — sur la protection de cette dernière ”.

V.I. Lénine, Projet de programme pour notre parti (1899), dans Œuvres, vol. 4.

 

2. CARC, Sur le maoïsme, troisième étape de la pensée communiste (1993).

 

3. K. Marx‑F. Engels, La Sainte Famille (1844), chap. VI, partie 3, section f, dans Œuvres complètes, vol. 4.

 

4. “ Certains sont venus objecter que si on abolissait la propriété privée, toute activité cesserait et que ce serait le règne de la fainéantise universelle. Si cela était, il y a beau temps que la société bourgeoise aurait succombé à la fainéantise, car ceux qui y travaillent ne profitent pas et ceux qui y profitent ne travaillent pas. Toute cette critique se ramène à une tautologie : là où il n'y a plus de capital, il n'y a plus de travail salarié ”.

K. Marx‑F. Engels, Manifeste du Parti communiste (1848), dans Œuvres complètes, vol. 6.

 

 

 

ERRATA

 

1.     Titre : oui : Projet de Manifeste programme du nouveau Parti communiste italien ; non : Projet de Manifeste programme du (nouveau)Parti communiste italien.

2.     page 27, colonne 1, ligne 17 : Et pourtant il ne peut être ...

3.     page 28, colonne 1, ligne 8 : Même les rapports entre les membres ...

4.     page 110, colonne 1, ligne 32 : “tiers secteur” ...

5.     page 115, colonne 1, lignes 1-9 : Dans les pays impérialistes, tout patrimoine, toute entreprise et toute activité peuvent être transformées en patrimoine financier qui produit une rente. Donc les masses populaires comprennent l’ensemble de la population sauf la bourgeoise impérialiste. Les masses populaires son cette partie de la population qui ...

6.     page 115, colonne 1, ligne 24 : valoriser leur capital en produisant des marchandises (biens ou services).

7.     page 134, ligne 7 : et définir à nouveau la gauche ...

8.     page 137, colonne 2, ligne 38 : il est nécessaire de former humainement les circonstances ...

9.     page 140, colonne 1, ligne 30 : “tiers secteur” ...